Témoignage Soraya Rahal
10/11/2022 – Soraya Rahal, directrice de l’association IMEIF (Institut Méditerranéen d’Étude, d’Ingénierie et de Formation). IMEIF est une structure associative qui accompagne les femmes vers la qualification professionnelle et l’emploi depuis 2010. L’association prépare un fort déploiement de ses activités avec la création d’une coopérative d’activité et d’emploi « Shake mama » qui comprendra notamment un restaurant.
Je suis Soraya Rahal, directrice d’IMEIF. J’ai participé à la création de l’association. Ça fait 25 ans que je travaille dans le milieu associatif et je suis passionnée par les questions d’émancipation des femmes, d’égalité femmes/hommes et beaucoup aussi par l’économie sociale et solidaire et le développement local. J’aime beaucoup développer des projets, travailler sur l’innovation et notamment pour les personnes qui sont dans des situations plus fragiles, en l’occurrence les femmes des quartiers prioritaires.
Je me suis dévouée corps et âme à l’association ! *rires* J’ai également un Master II en Management et développement urbain et j’ai passé un autre équivalent de master de dirigeant sur l’économie sociale et solidaire, l’année dernière.
IMEIF, c’est un peu le projet d’une vie. J’ai souhaité créer cette association il y a 8 ans parce que j’avais un “projet politique” : j’avais envie de mettre en place des actions que je ne pouvais pas mettre en place dans mon ancienne structure.
J’ai donc créé cette structure avec un conseil d’administration que j’ai embarqué dans l’aventure avec l’idée de favoriser l’inclusion des femmes les plus en difficulté mais d’une certaine manière, avec une certaine philosophie : c’est à dire en étant dans une démarche de valorisation des personnes et d’ouverture des possibles, de sortir un peu des stéréotypes et du manque de visibilité dans lesquels sont plongées ces femmes au sein de la sphère économique et publique. Et surtout de pouvoir travailler dans le “vivre ensemble”.
J’ai une maman qui est française et un papa marocain donc j’ai toujours baigné dans cette double culture, je connais très bien les problématiques des femmes des quartiers. Voilà ce qui m’a donné envie de faire des ponts entre les personnes et d’amener quelque chose de différent de ce qu’on peut avoir en général. Je pense que rien n’est figé, rien n’est désespéré et qu’il y a toujours plein de choses à faire.
Certes, ce n’est pas évident, on n’est pas dans une zone de confort mais selon moi, les évolutions sont possibles. Beaucoup de femmes ont beaucoup de savoir-faire et de compétences et ont seulement besoin d’avoir un marche pieds, un tremplin pour pouvoir s’épanouir dans leur vie, s’insérer dans le milieu professionnel et à qui on peut proposer d’autres choses que ce qu’on peut proposer aujourd’hui. J’essaie donc de travailler sur de l’insertion qui soit qualitative et pérenne et de fabriquer des passerelles avec des réseaux ou avec d’autres professionnels/secteurs auxquels aujourd’hui elles n’ont pas accès. Je m’appuie aussi sur l’évolution de la société, par rapport à la démarche de transition écologique, de développement durable.
Il y a eu un investissement sur la base du volontariat, ce que je trouve fondamental quand il s’agit de l’engagement des personnes et il y a eu une adhésion immédiate des managers du réseau Germe et un travail de soutien qui est important. J’ai moi-même été assez surprise de leur investissement et de toute cette intelligence collective qui s’est mise en place que j’ai trouvé énorme. Même si on se développe bien, on est tout de même une petite structure et on manque de compétences. Et même si j’ai un conseil d’administration qui me soutient, j’ai tout le temps la tête dans le guidon et c’est parfois très difficile. Les managers m’ont apporté beaucoup. Un comité de pilotage s’est mis en place, ils ont essayé de voir quels étaient mes besoins et ça s’est fait naturellement. Aujourd’hui, 4 adhérents de Germe m’accompagnent de manière intensive et sur des besoins très précis.
Nathalie Jean et Nicolas Martin qui sont des pointures en logistique et gestion de projet m’aident beaucoup car je suis en train de mettre en place une couveuse d’activités qui est un projet extrêmement complexe. Ils m’aident donc sur la gestion de projet et on se voit de manière régulière avec des outils qu’ils m’ont donné pour structurer ce projet. Ils apportent aussi un regard extérieur qui est intéressant. Céline Mazel de RH Partners m’aide énormément sur le recrutement car j’ai eu des difficultés là-dessus, notamment avec le projet Shake Mama. Et enfin, il y a Cédric qui m’aide sur la structuration RH. Mais il s’est rendu compte que j’avais une problématique sur la gestion du temps. C’est vrai que j’ai énormément de choses, j’ai un peu la tête sous l’eau. Donc là il est en train de me faire une formation sur la gestion du temps. On se voit régulièrement pour voir aussi comment je peux mieux structurer l’équipe et me dégager un peu de temps.
IMEIF est beaucoup financé par des collectivités locales, l’Etat et par certaines fondations. Et c’est vrai que l’aide des fondations, le mécénat “privé” est particulièrement important aujourd’hui car malgré le financement des collectivités, on reste dans des périodes de restrictions budgétaires. La particularité de Managers & Territoires c’est qu’il y a un double appui : d’abord financier qui est important mais aussi un appui de mécénat de compétences qui est très intéressant. Peu de mécènes fonctionnent comme ça. Dans le cadre de M&T il y a vraiment de supers compétences, très pointues sur les parties managériales, sur la gestion de projet, les ressources humaines, le marketing, etc. La méthode adoptée est pertinente parce qu’il y a le réseau GERME avec des managers qui se réunissent de manière régulière, et le projet a été bien amené auprès de ce réseau pour mobiliser les volontaires.
Précieux : c’est un soutien qui est devenu indispensable. C’est aussi des rencontres humaines, j’ai rencontré de très belles personnes. Au-delà de l’aspect professionnel, c’est la relation humaine qui est très chouette.
C’est un gros soutien moral. Parfois j’avoue que je me demande dans quelle galère je me suis embarquée *rires* et ça représente un soutien moral et technique. Je me sens moins seule sur le bâteau et c’est très réconfortant d’avoir plusieurs têtes qui réfléchissent avec moi, dans une autre dynamique que le travail mené avec mon équipe et avec une autre approche que celle de mon conseil d’administration, que je réunis moins souvent. Donc je trouve ça vraiment super intéressant, ça m’apporte énormément personnellement et pour l’association.
Je leur dirais de foncer, de se positionner parce que Managers & Territoires c’est super complet comme soutien. Il y a le côté financier mais il y a aussi vraiment le côté expertise de managers et de tout le réseau. D’autres managers vont aussi participer plus ponctuellement sur la partie logistique/investissement/matériel. Dans quelques semaines on va avoir de nouveaux besoins et je sais qui je vais pouvoir solliciter.
Ce qui est intéressant avec du recul, c’est qu’au départ, je ne savais pas trop quel type de soutien demander et il y a eu une vraie méthode fournie par Managers & Territoires, et un appui, un accompagnement notamment par Caroline (animatrice d’un groupe GERME à Montpellier) pour définir très précisément les besoins et que les managers puissent s’investir en fonction de leurs compétences. Donc l’accompagnement est super bien ciblé. C’est une très belle expérience qui m’a vraiment apporté beaucoup de choses.
J’espère rester en relation avec les managers investis et puis on verra les collaborations qu’on peut mettre en place par la suite. On a créé du lien et une manière de travailler ensemble. C’est arrivé au bon moment pour moi, j’avais vraiment besoin de ce soutien là.